samedi 9 mai 2020

La distanciation sociale : suggestion ou obligation?

Le 2 mètres, c'est pour combien de temps Dr. Arruda?

Parce que si on ouvre, dans 2 semaines, ou 2 mois, ou 8 mois, le fameux 2m de distance pourrait devenir une limitation décisive, je m'explique...

Tout commerce situé plus haut que le r-d-c comporte un escalier. Le dégagement minimal étant de 34 pouces de largeur, la plupart de ces escaliers sont de 34 à 40 pouces. 40 pouces c'est 1 mètre. Conclusion: impossible de croiser quelqu'un dans un escalier.

Propriétaire de petits espaces... Limiter à 2, ou 3 clients à la fois en boutique, c'est la différence de combien en % de ventes? Ça dépend combien de temps un client potentiel veut attendre en ligne. Il semble que la patience soit incroyable pour la SAQ, stupéfiante pour le Dollarama... voyons voir si les petits commerces qui reposent sur la présence de "plusieurs" clients sur place survivront à l'entrée de clients au compte-gouttes.

Restaurants qui ont une capacité de 15-20 places, studios d'entraînement de 12 vélos, espaces de yogas avec 8 tapis, ces petits endroits qui nous offrent des expériences intimes de socialisation...

Leur plan d'affaires repose sur un taux d'occupation qui dépasse 60 à 75% d'occupation pour une rentabilité... Espacer les gens de 2 mètres, c'est mettre la clé dans la porte. Oubliez le hot yoga avec masque, le cours de Spinning en suant (c'est les goutelettes qui sont dangereuses, c'est ça?)...

La distanciation sociale, c'est une bonne pratique, une façon préventive de ne pas attraper le virus à l'épicerie en temps de crise, de limiter la folie au Costco ou au IKEA, mais c'est impossible à appliquer avec rigueur dans un environnement qui a été conçu pour faire vivre une expérience de rapprochement.

Se réinventer, oui... pour ceux qui veulent ET peuvent offrir autre chose comme expérience ou qui priorisent la rentabilité de leur entreprise. Encore mieux si cette alternative ne se fait pas au détriment de leur mission d'origine.

Je crains la suite... pas seulement pour mon commerce qui repose sur une prémisse de proximité. J'ai peur car la méfiance des gens devient désagréable en public. J'ai peur que l'étiquette respiratoire de l'été 2020 fasse couler plus d'encre que l'importance d'épauler les gens derrière les masques. J'ai peur que sans le porter, je doive absolument arborer un masque social, car au final je dois me consoler en me comparant. J'ai peur de ne pas trouver d'utilité suffisante à assouvir mon besoin de servir l'humain. J'ai peur de commencer à croire que ce même humain n'a plus tant envie de servir, qu'il se contente de recevoir une aide pour laquelle le gouvernement devrait se sentir redevable.

Achetons local, et laissons donc entrer quelques immigrants pour cueillir nos fraises d'ici. Mais gardez les frontières fermées SVP, mais pourriez-vous laissez le chemin Roxham un ti-peu ouvert car on manque de bras en CHSLD...

Ou ces conversations Messenger avec nos vieux...

- Maman, t'as reçu le cadeau que je t'ai envoyé pour la fête des Mères?
- Le truc sur "Ahhh, ma zone" dont tu me parlais au téléphone? Non, c'est pas arrivé encore...
- Amazon maman...! LOL
- C'est québécois ça mon fils? Puis LOL, c'est quoi?
- Oui maman, c'est québécois...  puis LOL : Larmoyante Observation Littéraire

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